L’action en réparation collective introduite dans l’arsenal judiciaire belge par la loi du 28 mars 2014

Pourquoi ?

L’objectif de la nouvelle loi  est d’assurer un plus grand respect et une meilleure défense des droits des consommateurs. Ainsi, on peut lire dans l’exposé des motifs que « Les procédures prennent du temps et que la majorité des atteintes aux droits des consommateurs porte sur des montants qui, considérés isolément, ne justifient en général pas la prise de risque et les frais liés à un recours individuel », alors que « les pratiques illégales des entreprises font subir un préjudice cumulé aux consommateurs ».

On identifie clairement l’espoir du législateur d’un effet dissuasif sur les opérateurs économiques, incités à adopter un comportement plus respectueux des droits des consommateurs, maintenant qu’ils sont sous la menace constante d’actions qu’ils n’avaient, jusqu’alors, pas à craindre.

Pour qui ?

L'action en réparation collective profite aux consommateurs qui souhaitent obtenir la réparation d’un dommage subi en raison de la violation par une entreprise d'une de ses obligations contractuelles ou de l'un des règlements européens ou de l'une des disposition légales limitativement énumérées par la Loi, dont, notamment les dispositions suivantes : le droit de la concurrence, la responsabilité du fait des produits défectueux, la loi Breyne, les règles relatives à l'organisation du marché du gaz et de l'électricité, celles régissant  le contrat  d'organisation de voyages et le contrat d'intermédiaire de voyages ou la fraude au kilométrage des voitures, l’assurance obligatoire de la responsabilité  en  matière  de  véhicules Automoteurs, etc. (par consommateur il faut entendre toute personne physique qui agit à des fins qui n'entrent pas dans le cadre de son activité commerciale, industrielle, artisanale ou libérale ; par obligation contractuelle il faut entendre toute obligation découlant d’un contrat, à l’exclusions donc des obligations nées d’une faute délictuelle ou quasi-délictuelle relevant de la responsabilité civile).

L’introduction d’une action en réparation collective implique, nécessairement, l’existence d’un préjudice collectif, soit un ensemble de dommages individuels, ayant une cause commune. L’action en réparation collective sera ouverte à l’ensemble des consommateurs lésés, à titre individuel, par un tel préjudice collectif : le groupe.

Par qui ?

L'action pourra être introduite par un représentant du groupe qui sera soit une association de défense des intérêts des consommateurs, soit une association dont l’activité et l’objet social sont en relation avec l’intérêt collectif dont elle vise la protection, soit le Médiateur fédéral pour le consommateur. Pour identifier les membres du groupe, le juge devra choisir entre le système de l'option d’inclusion (seuls les consommateurs qui se sont manifestés bénéficieront du résultat) ou de l'option d’exclusion (tous les consommateurs seront liés par le résultat sauf s'ils ont déclaré vouloir sortir du groupe).

Comment ?

La procédure, qui relève de la compétence exclusive des tribunaux de première instance ou du commerce de Bruxelles, se déroulera en plusieurs phases :

  • phase de recevabilité : vérifier que le représentant du groupe satisfait aux conditions légales et qu'il est le mieux placé pour mener la procédure et que l'action en réparation collective est plus efficace qu'une action de droit commun ;
  • phase de négociation obligatoire : entre 3 mois et 6 mois afin de permettre aux parties de conclure un accord de réparation collective qui, en cas d'homologation par le tribunal, liera les membres du groupe ;
  • décision du tribunal : en l'absence d'accord ou de refus d'homologation de l'accord, après un débat contradictoire sur le bien-fondé de l'action et la réparation due aux membres du groupe
  • exécution de la décision : un liquidateur est désigné pour procéder au partage, entre les membres du groupe, du montant global de l’indemnité fixé dans sa décision.

Quand ?

L’action en réparation collective entrera en vigueur le 1ier septembre 2014

Avocat(s)